dimanche 6 décembre 2009
Blog : les tribulations d'Antoine
Voyages.Liberation.fr
Extrait :
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Auroville (Tamil Nadu), le 23 janvier
Enquête incognito
Après un détour par Madras pour récupérer moto et appareil photo en état de marche, j’arrive dans la nuit à la communauté d’Auroville, sur laquelle je dois réaliser un sujet pour Libération. C’est la première fois que je bosse pour Libé, il s’agit que ça marche. Avant de quitter Paris, j’ai cherché quelques infos sur le Net. Auroville est une cité utopique se voulant un exemple pour le monde afin de réaliser l’unité entre les hommes, on peut difficilement faire plus louable. Pourtant, les avis sur les blogs et sur les forums étaient très partagés. Certains parlaient d’une ambiance bizarre, avec un culte de la personnalité autour de la Mère, la fondatrice de l’ashram. L’auteur d’un livre consacré aux communautés utopiques, sorti fin 2007 (le nom m’échappe), disait n’avoir pas réussi à se faire une idée claire sur le projet. Le responsable de la rubrique Voyage de Libé, qui m’a commandé le papier, a voulu y faire un reportage vidéo il y a une vingtaine d’années et l’autorisation lui a été refusée. Enfin, un habitué d’Auroville rencontré en Inde m’a expliqué que mieux valait que je cache mon identité de journaliste si je voulais travailler tranquille. Bref, il y a comme un parfum de secte dans l’air, du coup je me retrouve embarqué en mission secrète. Comme couverture, je me prépare à expliquer que j’ai besoin d’infos pour nourrir mon blog.
Auroville (Tamil Nadu), le 30 janvier
L’utopie
Une semaine que je suis là et je commence à en avoir assez de jouer à l’espion. Je ne ne me sens pas très crédible pendant la visite guidée, alors que je réalise interview sur interview devant mon groupe de touristes un peu étonné de tant de diligence. Un matin, alors que notre guide nous demande de livrer « la couleur du ciel qu’il y a dans notre cœur », j’ai un peu honte au moment de répondre qu’il est « bleu et chargé d’attentes ». Ces salamalecs se justifieraient en Chine ou au Turkmenistan, or les Aurovilliens me semblent pleins de bonne volonté. Ils sont venus pour réaliser leur rêve d’une société meilleure. Je vous présente le truc en deux mots (si vous voulez en savoir plus, voir l’article de Libé sur http://lestribulationsdantoine.blogspot.com). Imaginez-vous une forêt constellée de communautés et de maisons individuelles, avec en son centre une gigantesque boule de golf dorée où les gens viennent se recueillir en silence devant un énorme cristal traversé par un rayon de soleil tombant du plafond à la verticale, une douzaine de mètres plus haut. A la base, Auroville est un projet spirituel, dont je n’ai d’ailleurs pas saisi toute la portée. En gros, il est le fruit des recherches du philosophe indien Sri Aurobindo sur le « yoga intégral », qui associe l’esprit et la matière afin de réconcilier l’homme avec le « Divin » qu’il porte en lui. A terme, cela devrait permettre à l’espèce humaine d’influer sur sa propre évolution afin de prendre une nature « supramentale », voire d’accéder à l’immortalité, cela m’a l’air d’aller assez loin. Pour plus de détails, je vous renvoie à l’œuvre complète en 24 volumes de Sri Aurobindo, disponible à son ashram de Pondichéry. Bon, vous trouverez également quelques explications sur le site www.auroville.org.
Etalage de dévotion
Sa compagne, une Française nommée Mira Alfassa mais que tout le monde ici appelle respectueusement « la Mère », s’appuya sur ces travaux pour poser les fondations d’Auroville. Tous les Aurovilliens n’adhèrent probablement pas à 100% à la pensée de Sri Aurobindo, mais la plupart d’entre eux l’ont bien étudié et tous semblent être au moins investis dans une recherche spirituelle. Son portrait, et plus encore celui de la Mère, dont le nom revient sans cesse dans les conversations, trône sur tous les édifices publics. J’ai beau savoir qu’il est courant en Inde d’honorer ainsi les grands gourous, j’ai un peu de mal avec cet étalage de dévotion.
Une vocation de laboratoire
Il n’empêche que je suis impressionné par les projets menés ici. Certains Aurovilliens tiennent des fermes biologiques, où ils tâchent de ne pas aller contre la nature. Ils labourent au minimum, ne taillent pas leurs plante et bien sûr ils n’ajoutent ni engrais ni compost. Les écoles expérimentent des systèmes offrant une grande libertté aux enfants qui m’intéressent personnellement, car je voue une discrète mais tenace rancœur aux Jésuites qui ont encadré mon adolescence. Un architecte supervise un centre de recherches, qui travaille sur l’application à moindre coût des dernières innovations en matière d’architecture durable. Il développe des techniques de moulage de briques crues, de traitement des eaux usées et d’exploitation de l’énergie solaire, tous ces procédés étant également exportés vers les pays en développement. La cantine d’Auroville est le symbole de la vocation de laboratoire du projet, avec sa structure en briques et son gigantesque concentrateur solaire, qui produit suffisamment de vapeur pour préparer chaque jour près de mille repas. Je vous passe les efforts de reforestation, les programmes en direction des handicapés, les projets de codéveloppement des villages alentour… Plus tous les ateliers new age et les soins de médecine douce que je détaille dans l’article. A Auroville, les gens essaient de vivre mieux et c’est palpable un peu partout. Les lieux publics ne proposent pas d’alcool et sont tous non fumeurs, y compris en extérieur. J’assiste d’ailleurs à une fête assez étonnante, où deux cents jeunes dansent toute la soirée en ne buvant que du jus de fruits bio.
Punk is dead
Avec leur quête éperdue de spiritualité et de bonne santé, je trouve les Aurovilliens très touchants. Mais je dois avouer qu’en même temps, à cette soirée justement, je m’arrache vite les cheveux devant ce type à la guitare sèche qui bêle son amour de son prochain, cette slameuse rasée avec une touffe sur la nuque qui scande son dégoût de la drogue et de la méchanceté, et ce couple de percussionnistes brésiliens qui interprète une chanson de son cru titrée « Notre mère la Terre ». Encore un peu et Patrick Bouchitey va débarquer avec sa gratte et sa soutane pour nous annoncer le retour de Jésus. A l’auberge de jeunesse où j’ai pris pension, je rencontre un paquet de jeunes sympas, très ouverts aux philosophies orientales. Mais ça n’a pas l’air de les déranger d’avoir traversé la moitié de la Terre pour se retrouver dans une petite bulle occidentale toute proprette au milieu du pays le plus fou qui soit. Moi par contre, j’ai du mal. Il ne me faut pas plus de quelques jours avant d’avoir une furieuse envie de faire des bêtises. Je me dis qu’il doit bien y avoir quelques punks dans la jeunesse locale qui doivent ressentir les mêmes pulsions. Mais sapristi, ces vieux libertaires d’Aurovilliens ont tout prévu, y compris un « youthcamp » où la jeunesse peut se défouler, mais toujours à l’intérieur de la cité pour que ça reste sous contrôle.
Auroville (Tamil Nadu), le 4 février
Transparence
J’ai fini par vendre la mèche. Tout s’est très bien passé, l’attachée de presse m’a donné un dossier de presse et une accréditation pour me permettre de faire mes photos tranquillement. Je pose mes questions plus explicitement aux gens et ceux-ci prennent davantage le temps de me répondre, sans me cacher pour autant leurs critiques. J’en ai profité pour cracher le morceau aux gentils étudiants qui partagent mon dortoir à l’auberge de jeunesse, car j’avais poussé le zèle jusqu’à leur raconter des bobards à eux aussi... Je me mets grave la pression pour mon enquête, probablement un peu trop d’ailleurs, car je récolte une tonne d’infos que je n’utiliserai pas. Résultat, je ne profite pas des ateliers proposés. C’est dommage, j’aurais volontiers essayé la capoeira, la danse contact, l’équitation sans mords ou le tai chi, et surtout je me serais bien initié à la méditation. J’accroche quand même un cours de yoga, mais vraiment c’est trop statique et douloureux pour moi. Je suis plus à l’aide pendant mon heure de watsu, où une femme me manipule avec une extrême douceur dans une piscine. J’ai d’ailleurs la grande surprise, en ouvrant les yeux entre deux immersions, de tomber sur ma cousine Marion qui est venue de Paris pour apprendre cette technique.
dimanche 4 octobre 2009
Blog : Vishnu, Gandhi et 1,2 milliards d'indiens
Il y aurait beaucoup a dire sur Auroville, mais je vais essayer d’ecourter le recit, et de me contenter des points qui me semblent les plus importants.
Le travail realise par les premiers Aurovilliens est epoustouflant. Partis de rien, sur une terre rouge, nue, seche, sterile, ils ont reussi a batir une veritable oasis. Des milliers d’arbres et autres vegetaux ont ete plantes ces 40 dernieres annees, afin de creer une cite hors du commun, ou la nature est omnipresente, ou la nature est sinon l’ame d’Auroville, elle en est le coeur, l’essence. Ensuite, les hommes ont pu batir des residences, des lieux communautaires (cuisine solaire, magasins, boulangeries...), des ecoles, etc.
La ville est en fait une grande foret parsemee de lieux de vie, qui s’y integrent parfaitement, qui s’y cachent bien meme parfois. Des routes, des sentiers, des passages parcourent Auroville. Aucun enrobage, aucun bitume. Un plan permet de reperer les batiments publics, les "guest houses" (maisons d’hotes), les communautes, et autres.
Le velo est privilegie comme mode de deplacement ; toutes sortes d’amenagements ont ete prevus a cet effet ; nombreux sont neanmoins les Aurovilliens et les "invites” (guests) a se deplacer en deux-roues motorises (mobylettes, scooters, motos). Un mode de transport en commun est a l'etude.
Les panneaux solaires sont legion, la Cuisine Solaire, comme son nom l’indique, fonctionne a l’energie solaire, l’eau est filtree et dynamisee, et toutes les fermes sont biologiques, fournissant les diverses echoppes de la ville. Malheureusement, Auroville est encore loin d’etre auto-suffisante en produits agricoles.
Ce fut, c’est un enorme chantier, et certaines etapes ont ete particuliement difficiles, notamment quand est survenu le sujet de l’education scolaire des enfants. La structure, les professeurs, le type d’education, la coexistence d’enfants de langues maternelles tres diverses (des le debut a ete decide l’accueil des enfants des villages voisins)... de nombreux dilemnes ont du etre resolus, et ca a demande de nombreuses annees.
Aujourd’hui, la ville compte une creche (Kindergarten) et 6 ecoles.
Ce n’est que le debut, il reste beaucoup a construire, des decisions restent a prendre quant au developpement, a l’organisation "urbaine” d’Auroville entre autres. L’edito du mensuel aurovillien (publie depuis 1988) du mois de septembre est consacre a la planification de la ville, qui est le theme principal de debats actuellement. Une route (Crown Road) faite de sortes de paves octogonaux est en construction, et la consultation continue. Jusqu’a maintenant, toutes les voies etaient en terre battue ; l’amenagement urbain debute tout juste.
Bien qu’un Plan General ait ete approuve en 1999 par l’Assemblee des Residents, les Aurovilliens continuent de differer quant a savoir si le developpement doit etre de pres guide par le modele original de "Galaxie" (voir la photo de la maquette) ou s’il doit etre plus organique.
Les debats auront toujours lieu, et heureusement. Chacun peut y participer. Les gens qui viennent vivre a Auroville aspirent a une vie plus simple, proche de la nature, respectueuse de l’environnement et des autres, moins materialiste, accompagnee d’une recherche spirituelle.
Tout n’est pas parfait, beaucoup reste a faire, mais les Aurovilliens sont sur le bon chemin (selon moi).
Lorsqu’une communaute, une ville commence a prendre de l’ampleur, a murir, elle se trouve forcement confrontee a certaines difficultes, a certains conflits d’idees, de concepts. C’est ce qui se passe a Auroville depuis plusieurs. Certains disent meme qu'ils se sont a un mur.
Mais j’ai eu la chance d’assister jeudi soir a une reunion del’Assemblee des Residents. Tous etaient invites. Quelque deux cents personnes etaient presentes, dont plusieurs membres du Conseil d’Auroville et du Comite de Travail, 2 des principales entites organiques d’Auroville. Le debut fut tres riche, tres constructif. Ce fut un rassemblement d’un genre nouveau, les precedents comptant de moins en moins de participants.
Musique, questions, echanges, spectacle realise par des enfants, jeux participatifs, sensoriels, repas offert.. ce fut vraiment un plaisir partage, une fete fraternelle.
Jeudi, chacun a pu s’exprimer, et tous sommes repartis joyeux, legers, heureux d'avoir participer a ce rassemblement qui laisse presager d'autres, une communication, un echange renouveles entre tous les Aurovilliens."
dimanche 9 août 2009
Le projet Sadhana Forest
Le projet Sadhana Forest (qui n’est d’ailleurs plus tout à fait un projet puisqu’il a démarré en 2003) est une idée proposée par une famille végétalienne originaire d’Israël mais qui vit en Inde depuis 7 ans, à Auroville.
Tout a commencé le jour où Aviram Rozin et sa femme Yorit ont décidé d’acheter 25 hectares de terre complètement érodée pour y planter des arbres et y faire revenir la vie. Ces terres étaient en fait une ancienne forêt primaire mais dont les arbres avaient été coupés. Détruite, dévorée par le bétail (introduit par l’homme), cette ancienne forêt n’était plus que roches et désert. Il n’y avait plus d’animaux, plus d’oiseaux, plus de végétation ou presque.
"Planter des arbres pour faire grandir la forêt qui, elle, fait grandir les gens"
Pourtant Aviram et sa famille ont eu, dès le début, la ferme intention de redonner vie à cette ancienne forêt. Ce projet de reforestation n’a jamais été un projet économique : c’est un projet qui vient du coeur. Le but était/est de réconcilier la nature et l’homme mais aussi les hommes entre eux, montrer qu’il est possible de sauver concrètement la planète et de changer de façon de vivre (en harmonie avec la nature). Ainsi, 30% de la forêt à déjà été recréée.
Avant d’être détruite, Sadhana était une forêt originelle (tropicale), c’est à dire une forêt persistante sèche, dense, remplie de différentes espèces végétales et animales. C’est donc une sorte de jungle qu’Aviram souhaiterait recréer.
La spiruline que fait pousser Aviram tient une place importante dans la forêt.
A long terme, le but de Sadhana Forest est d’être autonome à 90% (dans environ deux ans). Pour cela, Aviram et sa famille souhaitent développer leur potager biologique, qui pour le moment n’est pas très étendu, être autonome au niveau de l’eau également car pour l’instant la famille et les bénévoles utilisent l’eau du puits, celle des nappes phréatiques et celle qui provient de la machine Aquadine. Aquadine est une fontaine qui purifie l’eau (par osmose), la dynamise, la revitalise, la réinforme. Ce procédé naturel a été proposé par Claire Chanut*.
Toujours en ce qui concerne l’eau, Aviram et les bénévoles ont creusé des tranchées et des talus pour stopper/retenir l’eau, car en Inde il y a la fois le problème de la mousson et de la sécheresse. Or, lorqu’Aviram et sa famille sont arrivés, le niveau des nappes phréatiques était très bas. Grâce au système de tranchées/talus/canaux et aux racines des arbres replantés, le niveau des nappes est remonté (l’eau est arrêtée sur place et descend vers les nappes). Ainsi, même le village voisin est alimenté en eau.
Depuis peu, les étudiants d’un professeur d’écologie se sont rendus à Sadhana pour étudier et apporter leur aide.
Le souhait d’Aviram serait d’étendre leur modèle à d’autres pays (Maroc, Sénégal etc.). Pour cela, il proposera, dès le 1er septembre 2009, un programme de formation (projet éducatif) de trois ans afin de former les gens à la durabilité : leur apprendre à produire leur propre énergie, se soigner avec la nature, produire leur propre nourriture (potager bio)... A Sadhana Forest, tout le monde est végétalien. Bref, consommer directement les aliments fournis par la nature sans passer par une transformation.
En ce qui concerne l’énergie alternative, dans la forêt Sadhana elle est soit solaire, soit humaine : énergie fournie par les hommes en pédalant lorsqu’il n’y a pas de soleil ! (les gens pédalent pendant une heure, à tour de rôle). Pédaler est aussi une façon de faire comprendre concrètement que l’énergie fournie demande des efforts et qu’il ne s’agit pas seulement d’appuyer sur un bouton...
Deux autres projets sont prévus : accueillir les enfants pour les éduquer et les sensibiliser à l’environnement et former les femmes enceintes pour leur apprendre à bien se nourrir naturellement.
Aujourd’hui, Sadhana Forest dépend essentiellement de la générosité des gens (faire des dons, du bénévolat sur place, apporter des idées) puisqu’Aviram ne veut pas exploiter la forêt (pas de chambre d’hôtes etc.)
*Claire Chanut a participé à la réalisation d’un film intitulé ""Auroville, une terre pour demain". Son association "Fotosyntésia" a pour but de relier les gens qui ont trouvé des solutions pour rendre vie à la terre et l’eau. Elle a découvert et soutenu le projet Sadhana Forest.
Voir en ligne Le site du projet Sadhana
"où la notion d'argent devait être bannie"
Roger Anger, architecte du Matrimandir
"Bataille avec les bus sous le regard des macaques"
La ville de l'Aurore - 10 km au nord de Pondichéry - ou la construction d'une utopie : "Un lieu de paix où tous les êtres humains de bonne volonté puissent vivre librement en citoyens du monde." Aujourd'hui, le quartier de nombreux résidents français. Pierre cultive son jardin comme Candide, écrit des poésies, organise des festivals et se délecte de livres d'architecture.
Six heures à travers la savane
Il observe Chris-Passepartout et confirme sa ressemblance avec l'acteur Aamir Khan : "Tu vois, Christophe, Bollywood résume parfaitement la culture indienne. Le drame fait partie du scénario, comme dans nos films, mais un ballet vient le casser soudainement, parce que l'Indien veut croire que le bonheur est toujours possible." Il me parle de la passion de ce peuple pour l'or, symbole spirituel et statut social ("toutes leurs économies sont investies en métal précieux"), et de la conscience universelle de l'Indien : "Tu as remarqué que si tu lui donnes quelque chose, il ne te dit pas merci ? Ne t'en offusque pas, les codes de politesse formels et hypocrites de la vieille Europe sautent, ton geste lui paraît naturel entre frères."
Une nuit violette caressait les villas blanches de "Pondi" quand nous sommes rentrés. Ce matin, je savais que l'étape serait longue. Presque six heures de vélo à travers la savane du Tamil Nadu, la plaine râpeuse qui embrasse les collines Javadi entre Pondichéry et Vellore. Ma bataille avec les bus, les camions de canne à sucre et les tracteurs continue sous le regard de macaques pendus aux branches des banyans. Des groupes de femmes courbent le dos pour gratter la terre. Vert pomme, rose, émeraude, jaune, orange, bleu : leurs saris colorés sont des arabesques sur la toile de l'horizon. Kandinsky n'aurait pas fait mieux.
www.guillaumeprebois.com Parcours réalisé en collaboration avec Didier Sandman, http://www.laroutedesindes.com/
lundi 1 juin 2009
dimanche 31 mai 2009
Blog : un chemin : Impermanences...
Décès de André Viozat dans sa résidence d'Auroville
L'article dans Aujourd'hui l'Inde :
"Un Français de 66 ans a été retrouvé mort sur sa propriété d'Auroville au Tamil Nadu (sud) à la suite d'une agression violente, mercredi, lit-on dans le Times of India.
Selon la police, André Viozat, qui résidait dans cette communauté internationale près de Pondichéry avec 1300 autres étrangers depuis plus de 40 ans, a été ligoté par ses agresseurs qui lui ont ensuite porté de nombreux coups fatals avec des "objets tranchants".
Ancien professeur de mathématiques en France et en Afrique, puis au Lycée français de Pondichéry, André Viozat avait ensuite monté sa propre entreprise à Auroville. Marié à une indienne du Kérala, il était séparé de sa femme depuis quatre ans. L'identité de ses assassins et leurs motivations restent pour l'instant un mystère. "
L'article en anglais qui raconte son oeuvre à Auroville :
mardi 3 mars 2009
dimanche 4 janvier 2009
"La ville qui n'existait pas"
"J'ai toujours été fascinée par les utopies, plus particulièrement par celles qui ont trouvé un semblant de réalisation dans ce monde- ci.Un semblant, forcément, puisque comme chacun sait u- topie signifie nulle part, sans lieu.La bande dessinée citée en exergue illustre le rêve d'une fille d'industriel du Nord, pauvre chose rêveuse et sans force, qui fait construire une cité idéale pour les ouvriers de son père.Protégée du froid et des tourments du monde extérieur (du monde réel ?) par un dôme de verre, cette cité n'est que fêtes, manèges, cotillons et pommes d'amour.Pourtant l'enfant des corons, perpétuellement déguisé en bouffon, s'y ennuie.Il finira par s'en échapper avec un ami.Auroville ressemble beaucoup à cette cité idéale.Elle ne repose pas sous un dôme, mais en Inde, à quelques kilomètres de Pondichéry.On y entre sur visa indien, on en sort sans encombre.Créée en 1968 par des utopistes pionniers issus de plus de cent pays, dont des indiens, elle est depuis l'origine subventionnée par l'UNESCO.Sa créatrice, "Mirra Alfassa (Mirra Richard), plus connue sous le nom de La Mère, compagne spirituelle de Sri Aurobindo, penseur indien de l’homme nouveau" (Wikipedia) a édicté ses principes : son but est d'apprendre aux humains à vivre ensemble sans injustices ni violence.Auroville fonctionne depuis 40 ans, sans gouvernement ni conflits majeurs.Elle compte environ 2000 habitants, issus de 33 nationalités différentes, mais est prévue pour 50 000 "résidents".On peut y passer un mois, ou décider de devenir aurovillien après une période probatoire de 2 ans.Auroville développe depuis sa création une recherche de pointe et des technologies innovantes dans le domaine des énergies renouvelables (cuisine solaire, véhicules électriques, traitement de l'eau, etc.) qu'elle exporte aux villages alentours et même en Afrique. Elle est informatisée et ouverte sur le monde.On y vit grâce à ses fonds propres, importés, ou grâce à un pécule distribué par la communauté. Le logement, la santé, l'éducation y sont gratuits, on y produit des végétaux et de l'artisanat. Des entreprises classiques y ont été établies.Le principe d'Auroville est d'améliorer l'homme et la société.Les pionniers des années 60 ont défriché, planté, bâti, amené l'eau, et leurs familles vivent toujours là.A l'heure où tant d'entre nous se heurtent sans solution à l'absurdité des sociétés capitalistes, théocratiques ou tribales, Auroville semble trop belle pour être vraie.Bien sûr, tout n'y est pas rose : l'appât du gain y a provoqué la délocalisation d'une prospère société d'assemblage informatique, tous les résidents n'y sont pas égaux, les villas côtoient les huttes de terre. Les gros travaux sont souvent effectués par les Tamouls.Des échanges commerciaux avec le monde extérieur y sont indispensables.Mais chaque aurovillien a pour but de se développer personnellement et de se rendre utile à la communauté.En son centre se dresse un dôme doré à la feuille, pôle spirituel du lieu, pourtant réputé athée.L'homme a-t-il à ce point besoin d'un temple, d'un mystère à contempler ?Ce lieu, le matrimandir, est censé permettre la méditation individuelle.Nulle cérémonie, nulle célébration collective.Un repère spirituel dans le paysage.Un grand banian poussait sur ce plateau aride bien avant la création de la ville, aujourd'hui il est un lieu de rassemblement, un peu comme le baobab dans les villages d'Afrique.Un vaste amphithéâtre aux lignes douces reçoit les spectacles et créations culturelles.On y pratique de nombreux sports et arts.Aimerais- je y vivre ?Je ne sais pas.Spontanément, non.Mais n'est- ce pas pour de mauvaises raisons ?La peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir assez de courage pour lutter contre mes petitesses ?La peur de me couper d'un monde quotidien auquel je trouve pourtant bien peu de sens ?La peur d'une dérive sectaire ?Qui veut faire l'ange fait la bête, est- ce définitif ?Pourquoi ne pas essayer au moins de "faire l'homme" ?Non, je suis désespérément indépendante, individualiste, égoïste sans doute, et pas assez aventureuse. J'aime trop mes repères, même s'ils sont aussi source de frustration et d'angoisse.Je tiens trop à ma liberté de penser, d'agir, même si je pense mal et vis mal !Mon fils, plein de bon sens, me demande, goguenard : "et si on se conduit mal, ils vous emmènent la nuit dans la forêt et ils font un grand sacrifice ? Ils font des ronds de feu et ils dansent ?"Non, on leur demande juste de quitter la ville. mais tu mets le doigt sur ce qui me gêne, poussin : doit- on demander à l'homme d'être parfait ?Auroville en tout cas a le mérite d'exister, comme le rêve de pierre, de terre et de soleil de quelques visionnaires.Et je continuerai, de loin, à la regarder vivre.Le lien : http://www.auroville.org/"
samedi 3 janvier 2009
Repotage sur France Inter : Interception
http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/interception/
Emission du 28/12/2008, réécoutable une semaine