Un blog à consulter ?
"J'ai toujours été fascinée par les utopies, plus particulièrement par celles qui ont trouvé un semblant de réalisation dans ce monde- ci.Un semblant, forcément, puisque comme chacun sait u- topie signifie nulle part, sans lieu.La bande dessinée citée en exergue illustre le rêve d'une fille d'industriel du Nord, pauvre chose rêveuse et sans force, qui fait construire une cité idéale pour les ouvriers de son père.Protégée du froid et des tourments du monde extérieur (du monde réel ?) par un dôme de verre, cette cité n'est que fêtes, manèges, cotillons et pommes d'amour.Pourtant l'enfant des corons, perpétuellement déguisé en bouffon, s'y ennuie.Il finira par s'en échapper avec un ami.Auroville ressemble beaucoup à cette cité idéale.Elle ne repose pas sous un dôme, mais en Inde, à quelques kilomètres de Pondichéry.On y entre sur visa indien, on en sort sans encombre.Créée en 1968 par des utopistes pionniers issus de plus de cent pays, dont des indiens, elle est depuis l'origine subventionnée par l'UNESCO.Sa créatrice, "Mirra Alfassa (Mirra Richard), plus connue sous le nom de La Mère, compagne spirituelle de Sri Aurobindo, penseur indien de l’homme nouveau" (Wikipedia) a édicté ses principes : son but est d'apprendre aux humains à vivre ensemble sans injustices ni violence.Auroville fonctionne depuis 40 ans, sans gouvernement ni conflits majeurs.Elle compte environ 2000 habitants, issus de 33 nationalités différentes, mais est prévue pour 50 000 "résidents".On peut y passer un mois, ou décider de devenir aurovillien après une période probatoire de 2 ans.Auroville développe depuis sa création une recherche de pointe et des technologies innovantes dans le domaine des énergies renouvelables (cuisine solaire, véhicules électriques, traitement de l'eau, etc.) qu'elle exporte aux villages alentours et même en Afrique. Elle est informatisée et ouverte sur le monde.On y vit grâce à ses fonds propres, importés, ou grâce à un pécule distribué par la communauté. Le logement, la santé, l'éducation y sont gratuits, on y produit des végétaux et de l'artisanat. Des entreprises classiques y ont été établies.Le principe d'Auroville est d'améliorer l'homme et la société.Les pionniers des années 60 ont défriché, planté, bâti, amené l'eau, et leurs familles vivent toujours là.A l'heure où tant d'entre nous se heurtent sans solution à l'absurdité des sociétés capitalistes, théocratiques ou tribales, Auroville semble trop belle pour être vraie.Bien sûr, tout n'y est pas rose : l'appât du gain y a provoqué la délocalisation d'une prospère société d'assemblage informatique, tous les résidents n'y sont pas égaux, les villas côtoient les huttes de terre. Les gros travaux sont souvent effectués par les Tamouls.Des échanges commerciaux avec le monde extérieur y sont indispensables.Mais chaque aurovillien a pour but de se développer personnellement et de se rendre utile à la communauté.En son centre se dresse un dôme doré à la feuille, pôle spirituel du lieu, pourtant réputé athée.L'homme a-t-il à ce point besoin d'un temple, d'un mystère à contempler ?Ce lieu, le matrimandir, est censé permettre la méditation individuelle.Nulle cérémonie, nulle célébration collective.Un repère spirituel dans le paysage.Un grand banian poussait sur ce plateau aride bien avant la création de la ville, aujourd'hui il est un lieu de rassemblement, un peu comme le baobab dans les villages d'Afrique.Un vaste amphithéâtre aux lignes douces reçoit les spectacles et créations culturelles.On y pratique de nombreux sports et arts.Aimerais- je y vivre ?Je ne sais pas.Spontanément, non.Mais n'est- ce pas pour de mauvaises raisons ?La peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas avoir assez de courage pour lutter contre mes petitesses ?La peur de me couper d'un monde quotidien auquel je trouve pourtant bien peu de sens ?La peur d'une dérive sectaire ?Qui veut faire l'ange fait la bête, est- ce définitif ?Pourquoi ne pas essayer au moins de "faire l'homme" ?Non, je suis désespérément indépendante, individualiste, égoïste sans doute, et pas assez aventureuse. J'aime trop mes repères, même s'ils sont aussi source de frustration et d'angoisse.Je tiens trop à ma liberté de penser, d'agir, même si je pense mal et vis mal !Mon fils, plein de bon sens, me demande, goguenard : "et si on se conduit mal, ils vous emmènent la nuit dans la forêt et ils font un grand sacrifice ? Ils font des ronds de feu et ils dansent ?"Non, on leur demande juste de quitter la ville. mais tu mets le doigt sur ce qui me gêne, poussin : doit- on demander à l'homme d'être parfait ?Auroville en tout cas a le mérite d'exister, comme le rêve de pierre, de terre et de soleil de quelques visionnaires.Et je continuerai, de loin, à la regarder vivre.Le lien : http://www.auroville.org/"
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
Et bien nous on va aller voir cet Auroville. Marre de ce monde de fou. On part en famille, passer 10 jours las-bas en Juillet 2009. Et si le séjour nous conforte, Alors 2010 sera un depart pour aller tenter l'experience.
Enregistrer un commentaire